With..

mardi 23 février 2010

La schyzophrénie du Comateux.

Quand j'ouvris la porte, je le vis, gisant sur son lit
inerte.
abasourdis que je fus tout en refermant la porte
derrière moi.
J'ouvris la bouche

" Vas tu ?
Si je vais ? De quoi j'ai l'air ?
D'un mort. D'un mort qui ne va pas.
N'est ce pas ?
Ne croules-tu pas sous le poids infâme de l'ennui ?
Tu as fait tout ce chemin pour me demander ça ? Je pense que tu n'aurais certainement pas dû te déranger.
Etrange chose que de gâcher ses derniers souffles à s'exaspérer.
N'est ce pas ? "

Il recouvrit sa jambe, nue et poilue avec la couverture bleue.

" Pas encore blanche hein ? Pas encore lynceul ?
Serais tu impatiente, ma chère ?
Pourquoi cette cruauté ? Est-ce l'écrivain qui a abandonné son rêve à la luxure et au confort qui parle ? Est-ce lâche qui me répugne ? Celui que je voyais dans tes yeux quelques matins orageux ?
C'est celui-là même. Va t'en, il est encore temps. Et si tu te sens coupable, ne le sois pas. Je vais m'en aller moi aussi, dans peu de temps.
Encore ce lâche, celui qui fuit et qui jamais ne pleure. Ce poète... "

Il me coupa subitement la parole. Comme s'il l'avait coupé avec un scapel, il me trancha la parole.

"Ne me nomme pas ainsi!
Ah oui ? Aurais tu honte ?
Bien au contraire. Toujours cette ignorance que tu portes aussi bien que la belle robe que tu portas le jour où on s'est vu pour la première fois. Je ne supporte pas ce nom car je ne le mérite pas.
Tomberions nous enfin d'accord sur un point mon bien aimé ?
Il semblerait.
J'ose à peine me souvenir celui que tu étais. Celui qui m'avouait écrire pour pouvoir franchir les montagnes qu'il croyait infranchissable. N'est ce pas le comble de l'ironie. Ici, maintenant, c'est moi qui te tue.
Il semblerait.
Adieu. "

Je pris mes quelques affaires. Me revêtis.
Lorsque que les portes vitrées s'ouvrit
je sortis de cet endroit et filai directement à son appartement
La nuit avait chassé le jour à grands coups de néant
les rues étaient désertiques et la nuit était épaisse
et chaude. La pluie qui me tomba dessus au moment
d'arriver à mon point d'encrage
me sembla être une bile infecte et fragmentée
qui coulait le long de mon visage, non moins fragmenté
Chez lui, je pris mes affaires que j'avais laissées
ainsi que quelques objets dont il n'aurait plus besoin
En repartant, j'allumais une cigarette
au volant de ma voiture.
Mon téléphone sonna
je répondis :

"Etes vous Mlle. X... ?
Oui. C'est bien moi ?
C'est le docteur Mo... Le médecin de votre ami.
Oui ?
Je crains que les nouvelles ne soient pas bonnes. Il est partit il y a maintenant une dizaine de minutes.
L'enfoiré! "

Sur ces amoureuses paroles
Je laissai fuir quelques larmes tout en jetant
mon téléphone par la fenêtre.
Ce qui me fit lacher ma cigarette sur ma cuisse,
sur le haut de ma cuisse dénudée vu la longueur de ma jupe,
tandis que je tentais de l'enlever
je percutai un poteau à une soixantaine de km/h.
Voilà ce que je vis en une fraction de seconde.
Maintenant j'occupe, dans le même hopital,
dans le même centre,
dans la même chambre,
le même lit,
que l'écrivain raté que j'ai tant haï.
Et dans quelques secondes, mon medecin
le docteur Mo... va appeller mon amie
qui va avoir un accident de voiture.
Chienne de vie que
la schyzophrénie du comateux.

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